Le duo chercheur-clinicien formé par la scientifique May Griffith (biomatériaux et biologie cellulaire) et la clinicienne-chercheure Isabelle Brunette (maladies cornéennes et greffe de cornée) travaille sur la cornée, la partie transparente de l’œil devant l’iris et la pupille. Elles collaborent depuis 2012 sur l’analyse de la première implantation chez l’humain de cornées biosynthétiques sans cellules. Ces implants ont stimulé la régénération endogène des cellules, du stroma et des nerfs de la cornée, et ce, sans immunosuppression prolongée (Fagerholm et al., Biomaterials, 2014).
May Griffith, chercheure de renommée internationale, a été recrutée en août 2016, à l’Université de Montréal et à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Cette équipe a obtenu un financement conjoint IRSC-CRSNG (Instituts de recherche en santé du Canada-Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada) sur un projet collaboratif de recherche en santé visant à développer de nouveaux biomatériaux comme alternative à la greffe de cornée. En regroupant leurs ressources humaines, matérielles et financières, elles augmentent la portée de leurs travaux de recherche. Le personnel et les stagiaires qu’elles partagent profitent ainsi de la tutelle d’une chercheure fondamentaliste et d’une clinicienne, situation optimale pour ceux qui poursuivent une carrière en biomédecine translationnelle.
Il existe dans le monde une pénurie grave en dons de cornées en vue de la transplantation. Même au Canada dans certaines provinces autres que le Québec, les patients peuvent parfois attendre plus de deux ans pour une transplantation. Ailleurs dans le monde, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire où jusqu’à 90 % des gens souffrent d’une atteinte cornéenne, la situation est souvent désespérée. Selon un rapport publié en 2016 dans Jama Ophthalmology par Gain et al., seul un patient sur 70 en attente d’une greffe de cornée aura la chance d’être greffé, alors qu’environ 12,7 millions de personnes sont sur une liste d’attente pour greffe de cornée, sans compter les patients trop éloignés ou jugés non traitables avec les méthodes actuelles.
En mars 2017, l’équipe a voyagé au LV Prasad Eye Institute à Hyderabad en Inde, un Centre de collaboration Vision 2020 de l’Organisation mondiale de la santé. Elles ont établi une collaboration avec ce centre et, grâce à leurs efforts continus en recherche translationnelle, elles espèrent aider ces patients en Inde dont des pathologies cornéennes sont trop sévères pour être traitées. L’équipe a également mis en place une collaboration avec des chercheurs en cornée bien établis au Québec, au Canada et ailleurs à l’étranger, au Moorfields Eye Hospital au Royaume-Uni et au Massachusetts Eye and Ear Infirmary-Harvard Medical School, aux États-Unis.
À court terme, cette équipe prévoit effectuer ses essais cliniques à Montréal. Pour cela, elles collaborent activement avec d’autres cliniciens et chercheurs au sein de l’Université de Montréal et du CIUSSS-EMTL, et notamment du Centre d’excellence en thérapie cellulaire.
Bâtir des ponts entre la recherche fondamentale et la recherche clinique
Le domaine de la recherche est vaste, mais peut se diviser en deux grandes familles : la recherche fondamentale et la recherche clinique. La recherche fondamentale sert à mieux comprendre le corps humain et ses maladies. La recherche clinique, quant à elle, se base sur les résultats de la recherche fondamentale pour créer et prouver l’efficacité de nouveaux traitements sur les patients.
Pour y arriver, il faut bâtir des ponts entre les spécialistes de recherche fondamentale et les chercheurs cliniques pour leur permettre de sonder une éventuelle collaboration. Le duo chercheur-clinicien formé par la scientifique May Griffith (MG; biomatériaux et biologie cellulaire) et la clinicienne-chercheure Isabelle Brunette (IB; maladies cornéennes et greffe de cornée) en est un bel exemple.